
Des politiques à la pratique : renforcer le leadership et l’évaluation formative dans le secteur de l’éducation en Afrique
Discuter des stratégies de direction efficaces et échanger leurs expériences dans leurs pays respectifs : voilà ce qui a réuni des responsables syndicaux·ales du Ghana, de Sierra Leone et de Côte d’Ivoire au cours de l’atelier « Renforcer le leadership scolaire et enseignant pour une éducation de qualité », organisé par l’Internationale de l’Éducation (IE) Afrique et qui visait à améliorer le leadership des enseignant·e·s et des directions d’établissements sur le continent.
Direction d’établissement : influencer concrètement les résultats scolaires
Dans son discours d’ouverture de l’atelier – qui s’est tenu à Accra, au Ghana, les 17 et 18 juin 2025 – Dennis Sinyolo, directeur régional de l’IE Afrique, a souligné l’importance de la direction d’école dans le cadre d’une éducation de qualité. D’après lui, les chef·fe·s d’établissement représentent le deuxième facteur interne aux écoles qui influence le plus les résultats scolaires après les enseignant·e·s. M. Sinyolo a appelé à mettre en place un système éducatif qui permette aux directeur·trice·s de collaborer efficacement avec le corps enseignant et l’ensemble de la communauté.
L’un des temps forts de cet atelier a été le lancement de l’étude « Leadership scolaire en Afrique : politique et pratique », menée par Casmir Chanda. Cette étude offre un aperçu de la complexité de la gestion d’école dans différents contextes africains et se penche sur les priorités nationales, les critères de nomination et les possibilités de formation professionnelle. Les résultats de cette étude ont pour objectif d’orienter les activités de plaidoyer et de susciter un débat sur l’amélioration de la gestion des établissements scolaires.

Appelant les participant·e·s à remettre en question la prépondérance actuelle des évaluations standardisées, qui entravent souvent la collaboration entre éducateur·rice·s, M. Sinyolo a plaidé en faveur d’une évolution vers des pratiques d’évaluation formative afin d’améliorer l’enseignement et l’apprentissage. Ces pratiques incluent des initiatives telles que les cercles d’apprentissage pilotés par les enseignant·e·s, qui accompagnent ces dernier·ère·s dans la mise au point d’évaluations efficaces en classe.


En outre, le coordinateur de l’IE Afrique, Pedi Anawi, a reconnu que « dans le domaine de l’éducation, le leadership s’étend au-delà des postes administratifs tels que les chef·fe·s d’établissement ou de département ». Il englobe diverses fonctions comme celles de directeur·trice d’école, de directeur·trice adjoint·e, de responsable de département, d’enseignant·e principal·e ou encore d’accompagnateur·rice pédagogique. « Toutes ces professions travaillent ensemble pour bâtir un environnement propice à l’excellence éducative. »
Renforcer les enseignant·e·s : évoluer vers l’évaluation formative au Ghana
Grâce à des projets dédiés au Ghana et en Côte d’Ivoire, l’IE Afrique défend l’importance de l’évaluation formative au sein du secteur éducatif. Dans un contexte de dépendance à l’égard de l’évaluation sommative et des examens externes, Christopher Yaw Kwaah a présenté son étude « L’évaluation formative au Ghana dans le cadre du projet T3LFA » (présentation disponible en anglais), qui vise à redonner aux enseignant·e·s les commandes du processus d’apprentissage. En faisant la part belle aux stratégies d’évaluation formative, les éducateur·rice·s peuvent mieux mesurer l’apprentissage des élèves et améliorer l’expérience éducative dans son ensemble.

L’étude met en lumière diverses pratiques innovantes, à l’image du travail en groupe et de l’apprentissage collectif, déployées avec succès dans les salles de classe. Par exemple, en Côte d’Ivoire, de nouvelles stratégies de travail en groupe favorisent une culture de l’apprentissage facilité par les pairs. Au Ghana, des enseignant·e·s ont recours à des méthodes créatives comme l’utilisation de bâtonnets pour enseigner les mathématiques. Ces différentes approches illustrent la capacité d’adaptation et l’ingéniosité des éducateur·rice·s lorsqu’il s’agit d’améliorer les résultats d’apprentissage des élèves.

Or, le plaidoyer joue un rôle majeur dans la réussite de cette démarche. C’est pourquoi l’IE met l’accent sur l’importance de collaborer avec les syndicats enseignants locaux pour communiquer efficacement les résultats de l’étude aux décideur·euse·s politiques. De récentes rencontres avec les ministres de l’éducation et des principaux·ales responsables ont ouvert la voie à des discussions concernant la nécessité de réformer les pratiques d’évaluation. Selon Martin Henry, coordinateur de la recherche, des politiques et du plaidoyer de l’IE, le gouvernement doit coopérer avec les syndicats pour garantir que le point de vue des enseignant·e·s soit intégré au processus de prise de décision.

Par conséquent, la prochaine étape de l’initiative se concentrera sur la promotion d’un dialogue entre le gouvernement et les syndicats d’enseignant∙e∙s. Au Ghana, il est urgent que l’État reconnaisse qu’un changement éducatif constructif ne peut s’opérer que si les enseignant·e·s sont activement impliqué·e·s dans les discussions sur l’apprentissage. À ce titre, les ateliers permettant d’aider les syndicats à formuler leur stratégie de plaidoyer sont indispensables pour favoriser ce changement.
Les responsables syndicaux·ales du Ghana, de Côte d’Ivoire et de Sierra Leone ont œuvré à l’élaboration de stratégies de plaidoyer visant à influencer les politiques relatives à la formation et au développement professionnels continus à la fois des direction d’établissement et des enseignant·e·s. Toutefois, des progrès importants restent à réaliser dans ce domaine, comme l’ont démontré les séances d’activisme professionnel et l’étude comparative menée par M. Yaw Kwaah en Afrique.
À mesure que la recherche s’intensifie, on peut espérer qu’elle catalysera d’importantes réformes au sein du secteur de l’éducation ghanéen. En donnant la priorité à l’évaluation formative, on passe d’une simple appréciation des élèves à l’amélioration de leur expérience d’apprentissage. Cette collaboration entre éducateur·trice·s, syndicats et décideur·euses politiques promet de transformer le paysage de l’éducation au Ghana, en Côte d’Ivoire, en Sierra Leone et au-delà, et de veiller à l’épanouissement des enseignant·e·s comme des élèves.